Agile dedans, agile dehors
Les nouveaux enjeux du manager
« Agile dedans, agile dehors », le manager va devoir accomplir un nouveau pas de l’évolution cognitive ! Si nos ancêtres, les premiers sapiens, ont associé l’agilité corporelle du déplacement debout à la révolution cognitive de la parole articulée, le manager leader en devenir a besoin d’une agilité mentale accrue et d’une agilité collaborative inédite. Elles ne peuvent être possibles que grâce à une plus grande lucidité sur la complexité qui est en lui.
La maison du management a organisé le 12 avril une journée de réflexion pour ses adhérents sur le thème : le management en 2030. Un travail préparatoire, synthèse d’un questionnement posé à soixante-douze experts. Quatre points cardinaux se dégagent de ce questionnement. Vous trouverez un lien avec cette synthèse à la fin de ce papier, mais avant cela quelques remarques sur les ressources que nous proposent les neurosciences pour avoir une chance de réaliser le saut humainement exigeant que nous sommes en train de vivre.
Les points cardinaux qui se dégagent :
Deux consultants de management Jeanne-Marion (Coach Delta) et Benoît Tulasne (Sosten Consulting) et Laurent Constant de la maison du management ont fait la synthèse des réponses à ces questions : Quelles évolutions majeures de la société viendront impacter le plus le management. Quelles seront les conséquences de ces évolutions ?
Les révolutions technologiques « accélération vertigineuse ». Quand tout va vite, que les compétences et les emplois sont remis en cause, les fragilités émotionnelles peuvent s’intensifiées. Les émotions ont une influence directe sur les perceptions et, bien sûr, sur les opinions. A certains moments, il est important de retrouver de l’espace de respiration, de calmer son cerveau en apaisant l’agitation mentale qu’il produit spontanément. Les émotions sont une ressource pour percevoir des niveaux de complexité qui échappent parfois au raisonnement, mais elles ont aussi la particularité de brouiller le raisonnement quand elles prennent trop de pouvoir. La méditation (entre autre) devient alors une ressource clé pour ceux que le stress dévore. Prendre soin de soi, permet de suivre le rythme des évolutions sans s’étouffer.
La rupture sociétale « du subordonné à l’entrepreneur ». La recherche de diminution des coûts sociaux et le besoin de flexibilité sont des tendances lourdes. Donner de la valeur à l’esprit d’initiative, vivre le stress de l’entrepreneur, demandent une autonomie dans la prise de risque supérieure à celle du salarié. L’agilité anticipatrice, l’élan réactif, sont des talents à développer. Un sentiment de solitude peut décourager celui qui se heurte à des difficultés. Un minimum de combativité est requis. Le système de récompense, au cœur de notre cerveau, a le pouvoir de doper ceux qui donnent de la valeur à la lutte plutôt qu’à l’inhibition de l’action. A contrario, un sentiment de toute-puissance peut conduire à une dangereuse fuite en avant. Savoir aller chercher de l’énergie quand le découragement émerge, ou de l’apaisement quand la machine s’emballe, fait partie des compétences à développer.
La métamorphose des organisations « se réinventer en permanence ». L’imagination est directement dépendante de la mémoire. L’ouverture perceptive, associée à une mémoire du futur bien nourrie, permet de se réinventer. Encore faut-il savoir désapprendre pour apprendre. Ce mécanisme cérébral est au cœur de nos capacités à simuler et à vivre les changements. La transformation de l’organisation est aussi une transformation cérébrale. Lorsque l’ancien savoir et le nouveau sont en concurrence dans notre tête, comprendre « comment ça marche » permet de gagner en efficacité et d’économiser des souffrances.
L’évolution des pratiques managériales « un Leader humble, humain…et avec de l’humour » Un leader agile est conscient de la complexité humaine, il possède les outils pour fédérer et animer dans une interaction dynamique productive d’innovation et de qualité. Suffisamment bienveillant et suffisamment ferme pour conduire les négociations collaboratives. Chaque personne évalue les situations de façon singulière, la fiction qui nous habite vient de notre passé cognitif, émotionnel et mimétique. Toutes les collaborations sont des négociations, savoir faire partager des représentations, savoir conduire l’élaboration d’un juste accord entre intérêts et valeurs de chacun, sont des compétences indispensables. Le pouvoir hiérarchique tendant à disparaître, entrainer vers un but commun demande le tour de main du médiateur agile.
L’agilité comme maître mot : agile dans les méthodes, agile dans la prise de décision, agile dans la capacité de réaction, agile dans le lien humain…. Un manager leader qui doit savoir vivre le stress sans se noyer dedans. Eviter le burnout de l’individu trop impliqué, qui « esquinte » son corps au point que son esprit devient confus et ses humeurs délétères. Agile à se remettre en question, à réinventer les solutions trouvées la veille sans devenir une girouette déboussolée.