Nouveau cerveau pour nouvelle année !
Tous mes vœux pour cette nouvelle année. Avec des moments d’amour, de découvertes, de transformation et de tout ce que vous souhaitez. L’auteur de cette illustration du cerveau évoque le feu, le soleil, mais aussi le serpent – symbole de la médecine – et la mort – symbole de la renaissance – d’ailleurs, il y a aussi un petit poussin… mais en tout cas, ça phosphore !
Se renouveler, aller chercher de nouvelles ressources et inventer une nouvelle harmonie pour la nature humaine. Pour acquérir cette nouvelle agilité, les atouts et les limites du cerveau imposent de travailler dur. Imaginer un futur différent en nous confrontant aux pouvoirs rétrospectifs de la mémoire. Ouvrir nos perceptions pour découvrir de nouvelles ressources. Apprendre à leur donner de la valeur en calmant nos émotions et nos croyances limitantes. Déplacer notre attention sur de nouveaux critères et surtout, se doter de nouveaux outils pour aider notre cerveau dans cette tâche. Se donner l’autorisation d’être acteur dans l’invention d’un futur différent, c’est aussi prendre la décision de sortir de l’injonction des bonnes pratiques pour aller vers l’agilité cognitive et l’intelligence de situation. Voici quelques points clés pour faciliter ce cheminement :
Travailler la mémoire du futur
La mémoire du futur nous projette dans l’avenir. Cette mémoire prospective a la particularité d’avoir besoin d’informations acquises dans le passé ou le présent – ce qui revient au même – afin que nous puissions imaginer des hypothèses sur les futurs probables. Or, depuis de nombreuses années, le futur s’est contenté de progrès incrémentaux. Aujourd’hui, les ruptures sont partout, ruptures économiques, technologiques, culturelles… Une nouvelle vigilance est de mise si nous ne voulons pas que nos connaissances acquises et nos croyances nous bouchent l’horizon. « Réactualiser » ses représentations et « reprogrammer » sa vision est plus compliqué qu’il n’y parait pour le cerveau simplexe et routinier. Des connaissances sur nos routines et la fiction qui s’installe au cœur de notre cerveau aident à comprendre les enjeux des situations de rupture.
Sortir de l’illusion de maîtrise cognitive
Les sciences cognitives nous démontrent comment nous nous illusionnons sur le pouvoir de notre cerveau. Or il ne suffit pas de lui donner un ordre – lui dire comment faire- pour qu’il obéisse. Daniel KAHNEMAN, démontre comment le cerveau « prend des initiatives ». SIMONS et CHABRIS, enfoncent le clou en montrant que notre attention est sélective. D’autres travaux viennent les renforcer en analysant les conditions psychologiques de la prise de décision et leurs conséquences, comme « Les décisions absurdes » de Christian MOREL. Faire un point sur ces connaissances – en dégager de nouveaux principes d’analyse et de stratégie – permet la réévaluation de certaines de nos pratiques. Ce challenge, pour les cerveaux humains, est une nouvelle étape d’apprentissage/désapprentissage. Elle commence par une prise de conscience des limites et des atouts de nos mécanismes cérébraux.
Apprendre à ouvrir plus largement ses perceptions
L’accès à de nouvelles informations est la porte d’entrée du processus d’inhibition des routines cognitives. Notre cerveau est sous influence. Le contexte, les interactions avec autrui, nos perceptions passées, créent des freins à l’intégration de nouvelles connaissances. L’information, pour devenir connaissance, a besoin d’être conscientisée et mise en lien avec l’expérience du sujet. L’étude des modalités de travail cérébral des génies créatifs inspire le travail d’ouverture. Envisager de façon explicite l’impact et les opportunités offertes par différentes découvertes scientifiques demandent une gymnastique cérébrale particulière. Ces nouvelles connaissances viennent alors enrichir les référentiels et offrent à l’imagination de nouveaux territoires à explorer. Pour accepter ce travail, l’être humain a besoin de sécurité et de liberté.
Prendre conscience du pouvoir des émotions
Ce que la psychologie nous dit de longue date, les neurosciences le montrent : il se produit en nous des émotions dont nous ignorons les effets. Il arrive d’avoir peur sans même s’en rendre compte. D’être en colère sans vouloir l’accepter. D’être triste en riant. Lors de prises de décisions, nos émotions peuvent nous aveugler et empêcher toute évolution. Au sein d’un groupe, les relations de pouvoir assorties d’émotions non exprimées produisent un cocktail détonnant. L’évolution des modes de collaboration, moins de hiérarchie, plus de partenariat, de parité, ne doit pas nous rendre naïfs. Ces modifications sont vécues par le corps qui ressent l’emballement de l’enthousiasme, ou le stress du renoncement… Ce vécu émotionnel influence tous les registres de la cognition. Sortir de certaines postures demande des supports afin d’apprendre à inhiber ces phénomènes tout en restant « sûr de soi ».
Expérimenter l’agilité disruptive
Faire une synthèse des avantages et des inconvénients des grands principes fonctionnels de nos cerveaux grâce à la notion de simplexité (Alain BERTHOZ) permet de valoriser nos performances et de consolider la prise de conscience des marges de manœuvre à trouver. Déplacer l’attention dans de nouvelles directions, en explorant des zones inconnues. Se donner les moyens de la sérendipité, quand le hasard de la découverte n’arrive jamais tout à fait par hasard. S’extraire de la prison de la répétition de pratiques connues, rabâchées, qui viennent d’une époque révolue. Concevoir des méthodes et des outils « ronds » où l’analyse des interactions multidimensionnelles est privilégiée sur les relations simplistes de cause à effet. Nous avons besoin de nouvelles méthodes et de nouveaux outils. Instaurer de nouveaux processus agiles et disruptifs, dans un esprit de découverte, de prise de risque et d’interactions authentiques – avec des acteurs mieux informés de leurs fonctionnements cognitifs et émotionnels – ouvre de nouvelles perspectives.
Résoudre les enjeux de notre époque passe par une meilleure connaissance des contraintes et des atouts de l’intelligence humaine et non par des injonctions visant à transformer les acteurs en moutons. Les « bonnes pratiques » sont, par définition, antinomiques de la disruption. L’agilité décisionnelle demande un espace d’ouverture et la prise de risque du développement de l’autonomie. Ce sont les conditions indispensables à la créativité et à l’innovation. Je vous souhaite une année 2017 où ce nouveau paradigme trouvera à se développer pour le bien de tous.