L’OCDE interpelle sur l’importance du collaboratif
La relation au cœur de l’évolution des compétences
Comment transmettre un savoir collaboratif que l’on ne possède pas ? L’OCDE(1) interpelle sur l’insuffisance des d’échanges entre les enseignants et souligne le manque d’évolution des compétences que cela produit… Pourtant, dans les entreprises le collectif est devenu central. L’importance du relationnel devient une évidence pour l’apprenant solitaire. La richesse des perturbations cognitives et émotionnelles que la relation produit, challenge le sujet apprenant. L’obligeant ainsi à revoir ses automatismes et à expérimenter de nouvelles possibilités. Voici cinq compétences particulièrement utiles pour la collaboration. Je vous invite à en évaluer la pertinence ainsi que votre niveau d’habileté dans ces domaines.
Utiliser la diversité et l’imagination : Notre mémoire est limitée. Nous avons pris l’habitude de chercher de l’information tout azimut sur Internet. Pour autant, le cerveau naïf incite à choisir celles qui renforcent nos idées préconçues. Le développement de l’esprit critique est à la source de l’imagination, toutefois il ne s’exerce positivement que s’il prend en compte la diversité des points de vues. Au sein de l’interaction relationnelle la mémoire du sujet est stimulée, ce qui facilite fortement la créativité de l’être empathique. Ouvrir nos représentations à d’autres options est fortement facilité par la rencontre de l’autre, le multiculturel en est la première preuve. Nos neurones miroirs ouvrent la porte aux représentations d’autrui, notre hémisphère droit se nourrit de la complexité et de l’étonnement, donnant ainsi moins de pouvoir au contrôle opéré par notre hémisphère gauche (celui qui détient l’ancien savoir).
Avoir le sens de l’autre : pour profiter pleinement de la relation à autrui, il convient de savoir distinguer ce qui relève des émotions de ce qui relève de la réflexion posée. Nous sommes tous sous l’influence de notre passé. Nos comportements et nos réactions spontanées y sont soumises, surtout lorsque nous sommes sous stress. Les émotions ne sont pas contrôlables à l’envie. Savoir reconnaître ce qui relève de comportements répétitifs et ce qu’il convient de prendre en compte dans la relation est au cœur de la compétence collaborative. Nous avons besoin d’avoir assimilé des notions afin de renforcer la diversité des circuits de neurones qui s’activent lors des interactions. Ce sont tous les registres de nos mémoires qui doivent être outillés, la mémoire perceptive pour déceler les types de comportements, la mémoire sémantique pour disposer d’un langage et d’un référentiel, la mémoire épisodique pour capitaliser nos expériences et mieux gérer nos difficultés émotionnelles face à certains comportements, la mémoire procédurale pour maitriser les stratégies cognitives nécessaires à des interactions productives avec les différents types de personnalités. La bienveillance envers autrui (et envers soi-même) est largement facilitée par l’évaluation lucide des réactions comportementales spontanées.
Echanger les points de vue et trouver de nouvelles perspectives. Pour inventer de nouveaux chemins, notre cerveau a besoin de stimulation. L’interaction collaborative ouvre nos perceptions, permet de porter un nouveau regard sur les situations. Voir ce que l’on ne voit pas à force de focalisations répétitives……est un enjeu fondamental de la période actuelle où l’invention de nouveaux modèles est exigée par les circonstances. Notre cerveau sait le faire, mais c’est un travail difficile. Savoir alterner perception égocentrée et allocentrée, passer d’une évaluation fondée sur nos propres intérêts, la plupart du temps émotionnel et court terme, à une évaluation allocentrée, qui regarde la situation de « plus haut », d’une façon plus globale et à plus long terme, permet de donner sens aux changements à opérer. Le cerveau sait simuler le déplacement dans l’espace, il sait nous faire monter dans l’avion de l’imagination quand il s’agit de prendre du recul.
Accepter le conflit et l’inévitable négociation qui en résulte. La diversité des points de vues, les réactions émotionnelles, les cécités culturelles, autant de facteurs générateurs de quiproquos et de frustrations. C’est l’art de l’échange des points de vue qui mène à l’innovation stratégique. Cette tension est à gérer, sinon gare à la concurrence des idées qui se transforme en concurrence des personnes. Savoir accepter le conflit qui en résulte fait partie du problème de l’interaction relationnelle. Nos émotions sont parfois à rude épreuve lors du débat d’idées. Les motivations secrètes, les mouvements d’humeurs, les besoins de reconnaissance, tout ce désordre en interaction au plus profond de notre cerveau présente deux facettes. Il aide à prendre de bonnes décisions en permettant l’anticipation des impacts sur autrui. Il conduit aux blocages quand nous nous sentons blessés par les propositions qui ne prennent pas en compte nos croyances et nos besoins…quiproquo, procès d’intention et fantasmes sont au cœur des difficultés. Apprendre à garder son sang-froid lors des inévitables négociations liées à la prise de décision collective est un des axes majeurs du développement du sujet.
Vivre la synchronisation productive d’innovation dans l’encouragement réciproque. Réjouissons-nous ! Les neurosciences ont montré que le lien social et la collaboration fructueuse produisent du bonheur. Nous sommes des êtres sociaux. Le cerveau produit de l’ocytocine, appelée l’hormone de la confiance, lorsque nous sommes attentif aux autres. Le système de récompenses, est valorisé par les interactions positives, apportant ainsi de l’énergie à l’effort collectif. Lors de l’expérience du travail collaboratif, la synchronisation des intelligences et des bonnes volontés produit de la valeur pour le collectif mais aussi pour chaque individu. Quand le sujet donne de la place aux enjeux sociaux et environnementaux, expérimente de nouveaux modes de collaborations fondés sur l’acceptation de l’autre, il donne plus de sens à la vie. Quand il apprend dans l’action, quand le corps est impliqué, quand il contribue au projet commun, le sujet trouve sa place et se sent reconnu. Il est alors plus facile pour lui d’accepter de nouveaux critères d’évaluation et de prendre des décisions qu’il aurait rejeté en d’autre circonstance. Au cœur de l’action collective, la créativité, le dépassement de soi, l’acceptation de l’effort sont stimulés naturellement.
Nous ne pouvons plus sous-estimer la crise engendrée par la nécessité de changer de modèles. Les modifications de comportements apportées par la généralisation des savoirs collaboratifs est un support idéal pour l’évolution… L’être visionnaire sait prendre en compte les intérêts divergents pour trouver de nouveaux chemins en oubliant ce qu’il croit perdre. Au contact des autres, la nécessité de la négociation qui chamboule les idées préconçues, la mémorisation spontanée des événements émotionnellement forts, les liens qui se créent, font du collaboratif un booster du développement personnel.
Bibliographie
- (1) OCDE, Regard sur l’éducation, 2014.