2016, rumination ou ocytocine ?
Après une année de records de chaleur et d’horreur, je vous souhaite une année 2016 pleine de nouvelles solutions profitables pour l’humanité. Conscients de nos fragilités, de nos inquiétudes… et de l’influence des états d’âme sur notre vision du monde et donc sur nos décisions. Passons de la rumination improductive à la réflexion créative, allons chercher des ressourcements dans la bienveillance, l’amour et… l’ocytocine.
Pensées et émotions mélangées
En chacun, au cœur des événements, se forme l’écho de ce que nous sommes en train de vivre, de ce que nous avons vécu ou de ce que nous aurions espéré vivre. Nos pensées se mélangent à nos émotions, nos sensations deviennent réalités. L’histoire imaginaire que nous nous racontons tente d’en faire une synthèse cohérente. Cela se fait automatiquement, malgré nous et avec notre consentement. Installant des sentiments d’arrière-plan (DAMASIO) ou des états d’âme (ANDRE) cette fiction (NACCACHE) donne du sens à nos impressions. Nous nous racontons une histoire afin de relier passé, présent et futur…..pour le meilleur ou pour le pire.
Le pouvoir du négatif sur le positif, du non conscient sur le conscient
Le cerveau est un champion de la détection des informations négatives. De nombreuses expériences ont prouvé le pouvoir du négatif sur la mémoire et sur les réactions spontanées. L’amygdale limbique garantit notre survie en étant vigilante. Les informations négatives impressionnent la mémoire émotionnelle, les informations positives stimulent la raison. Ces dernières sont vite comprises et donnent accès à des ressources cognitives puissantes. Perceptions négatives et positives ont un rôle complémentaire pour l’appréhension et la compréhension des événements. A chacun de faire le travail d’évaluation des deux versants afin de valoriser son capital d’intelligence. Pour cela, il faut être conscient de l’influence de nos états d’âmes sur nos évaluations. Connaître les peurs, les colères inassouvies et les fragilités secrètes qui colorent nos perceptions. Les émotions sont toujours présentes et intiment l’ordre d’apprécier chaque événement comme « bon/pas bon ». Si d’autres zones du cerveau donnent les moyens de l’objectivité, les mobiliser à bon escient est moins facile qu’il est d’usage de le croire. Daniel KAHNEMAN en a fait la démonstration.
Ruminer ou réfléchir ?
Voir la réussite de la COP 21 ou l’année la plus chaude depuis que la météo existe, le verre à moitié plein… l’œuf ou la poule, la focalisation est de notre responsabilité. Différentes facettes sont valorisables. Choix d’une posture de rumination rancunière ou d’un élan vers la réflexion collective. Dans tous les contextes, ces deux possibilités existent. Prendre des décisions éclairées nécessite de savoir observer les aspects appréhendables avec du recul et sans a priori. Aller sur le chemin de la découverte, de l’étonnement, permet de trouver d’autres solutions. Que ce soit à l’école, dans l’entreprise, dans la société, ruminer sur les pertes ou réfléchir à des solutions différentes est un choix négociable. Sortir des vieux automatismes culturels (on dit que les Français rouspètent et ne sont jamais contents) demande un peu de travail. Cette négociation avec soi-même ou avec les autres peut avoir besoin d’aide.
Besoin d’amour, de reconnaissance et d’ocytocine
Pour aller sur ce chemin, le couple du film UN+UNE de Claude LELOUCHE tente l’aventure du dépassement, vit l’émerveillement d’une expérience d’amour, ouvre la porte à d’autres possibles. Sans être naïve sur les vertus magiques de la consolation, un grand câlin d’AMMA, moment ocytociniesque (comme l’aurait dit Salvator DALI), peut nous fournir quelques ressources. Matthieu RICARD, grand promoteur de la bienveillance, de la générosité et du respect profond de l’être, rappelle que les découvertes scientifiques des dernières décennies confirment que nous pouvons changer. Les signes de reconnaissance boostent l’énergie de la motivation et restaurent l’image de soi. Irrigué d’ocytocine, le cerveau se récompense autant du bienfait qu’il donne que de celui qu’il reçoit. Je vous souhaite donc une année 2016 pleine de chaleureuses embrassades et de généreuses bienveillances.